Attention! Les rats, ça mord! - Feat Etoile Nocturne

Attention! Les rats, ça mord!

Ces temps-ci, il m'arrivait souvent de me lever à l'aube, d'organiser les patrouilles puis de m'en aller en solitaire que j'étais. Parfois, je m'absentais tellement souvent qu'il arrivait à mes guerriers de se poser des questions. Bien sûr, je ne leur laissais jamais le temps de me faire remarquer leur mécontentement, les prises que je ramenais mettaient à l'évidence tout le monde d'accord. Si un courageux osait ouvrir la bouche concernant mon attitude, immédiatement je le remettrais à sa place. C'était déjà arrivé, et cela arriverait sans doute bien d'autres fois... Mais en aucun cas je ne me laisserai marcher sur les pattes.


Aujourd'hui n'y faisait pas exception. Je remuais dans mon nid puis m'en extirpa rapidement, sans faire attention à la marmotte qui ronflait à côté de moi. Je m'étirais nonchalamment, baillant à m'en décrocher la mâchoire avant d'aller prendre l'air dans la clairière encore teintée de la sombre lumière nocturne. Aucun bruit. Personne. Tout le monde dormait, une fois de plus j'étais la première à me réveiller. Bientôt l'aurore pointa le bout de son nez, tout comme les premiers félins désignés la veille pour la patrouille frontalière et la patrouille de chasseurs. Je m'assurais que tous étaient bien présents d'un bref regard. Mes pattes me menèrent jusqu'à eux.


- Je compte sur vous, braves guerriers.


Sur ces mots, ils décampèrent à travers la forêt. Bizarrement, il me fallait toujours prononcer ces mots ou du moins une phrase s'en rapprochant. Selon moi c'était le meilleur moyen de leur témoigner de la confiance et de les mettre dans un bon état d'esprit. Je m'asseyais, les observant, s'en allant vaquer à leurs occupations respectives. Moi aussi je devais y aller. Je me dirigeais à présent vers le tunnel, expliquant aux gardes que je partais en chasse. Sans mot dire, je disparaissais de leur champ de vision.


Où aller ? Sans doute dans un endroit non occupé par d'éventuels chasseurs. Sans vraiment y réfléchir, je me laissais porter au fil du vent, des odeurs. Une bonne demi-heure s'était écoulée entre le moment où j'avais quitté le camp et où j'entrais dans un nouveau lieu. Ma tête se redressait. De vieux murs, taillés dans de la roche, formaient un nid à bipèdes. Non, un ancien nid à bipèdes. Ici, je ne risquais pas d'en croiser. Après avoir observé cet endroit, je me mis à humer l'air. L'odeur que je perçus alors me fit saliver. S'il n'y avait pas de grenouilles, au moins les rats et les souris étaient présents ! Je me réjouissais intérieurement lorsque des couinements attirèrent mon attention...

 

Les bruits que je percevais, je ne les connaissais que trop bien. Je me retournais, doucement, presque à contre cœur. Mes yeux s'écarquillèrent au moment où un champ gris pointé de globes rouges entra dans mon champ de vision. De loin, cet assaut pouvait ressembler à une déferlante d'eau noire, mais de près, les détails nous rappelaient la triste vérité. Des rats ! Une multitude de rats lancés en ma direction, prêt à me broyer les os. Je regardais autour de moi, je feulais. Il n'y avait aucune issue. Il fallait faire face. J'inspirais aussi profondément que possible, tentant par la même occasion de calmer mon cœur qui s'était mis à battre la chamade. J'écartais mes pattes avants, rassemblais les arrières sous mon corps, j'étais prête à bondir. Dans un cri guerrier, je m'élançais. Les coups fusaient. Les rats me mordaient les pattes, la queue, ils s'agrippaient à mon dos... De mon côté, je les mordais aussi férocement que possible. J'en envoyais un, deux, trois... Un nombre que j'avais cessé de compter. Je roulais, en écrasant quelques-uns. Mais toutes ces attaques qui, normalement, devaient réduire leurs effectifs ne servaient à rien à mes yeux. Plus je ripostais et plus il en arrivait. C'était cause perdue, seule je n'arriverais à rien. Je continuais néanmoins, il était hors de question de s'avouer vaincue ! Bientôt une forme féline apparut à mes côtés, se battant tout aussi sauvagement que moi. A nous deux, nous étions parvenus à faire fuir les assaillants. J'alletais, tête basse.


- Que vois-je, une demoiselle en détresse !


Ma tête se releva, durant le combat je n'avais pu voir le chat qui m'avait porté secours. Il était grand temps de le faire. Horreur ! Étoile Nocturne, le chef du Clan de la Lumière ! A avoir su que c'était lui, j'aurais préféré mourir. S'il en venait à raconter à ses camarades ce qu'il s'était passé, ma réputation en pâtirait salement.


- Retiens tes commentaires, Étoile Nocturne. Je m'en serai sortie, seule.


Ma respiration reprise, je le regardais droit dans les yeux. Ma réplique se devait d'être aussi sèche que possible. Je ne suis pas faible ! Je suis une guerrière qui appartient au Clan de la Nuit, le Clan le plus fort ! Malgré mon ton assuré, mon corps meurtri par les griffures et morsures ne témoignait d'aucune force.


- Maintenant va-t-en.