Prise d'otage [Event libre aux Nuiteux et Lumineux]

Spoiler:

Prise d'otage

Mes pattes endolories, ma vision brouillée par la douleur et l'effort, je traînais tant bien que mal le poids que je venais de terrasser. S'ils étaient tous comme ça à la Lumière, leur gibier devait affluer... C'était pas de la tarte de la tirer jusque chez moi... Enfin bon, j'y parvenais au bout d'un moment. A mon entrée dans le camp, plusieurs chats crièrent, mortifiés de me voir revenir dans un tel état tandis que d'autres restaient sans voix, ne sachant comment réagir tellement qu'ils ne croyaient pas ce qu'ils voyaient. J'en vis même quelques-uns dresser leur fourrure sur leur échine à simple vue de Fleur Étoilée. Je continuais de m'avancer au centre de la clairière, bientôt aidée par mes guerriers que je gratifiais d'un regard chaleureux. Des chatons émergèrent de la pouponnière. D'un signe de queue je les interrompais pour que leur mère puisse venir les récupérer et ainsi les éloigner de cette vision sanglante. Ils étaient, à mon goût, bien trop jeunes pour voir ça. Je laissais par la suite tomber le corps de la guerrière adverse au milieu, dans un nuage de poussière. Certains apprentis trop curieux s'approchèrent de trop près pour renifler celle qu'ils croyaient morte. Je grognais.

- Même en piteux état, elle est capable de mordre. Éloignez-vous.

Je m'asseyais brusquement, toujours à bout de souffle. J'aurais fait mon sport de la journée... Ce soir, je serais au lit très tôt en espérant que le lieu sans étoile ne m'appelle pas à lui. Profitant du calme qui venait de s'installer, je levais la tête, suffisamment haute pour que tous puissent m'entendre. J'inspirais profondément dans l'espoir de faire s'évanouir ce ton fatigué.

- Regardez ce qui attend tous ceux qui se permettent de dénigrer notre Clan. Certains sont assez idiots pour ne pas prendre nos avertissements au sérieux.

Du bout de la queue, je pointais la femelle écaille de tortue, affalée au beau milieu de tous.

- Voilà ce qui leurs arrive !

J'avais froid.

Je ne sentais plus rien à part mon cœur qui recommençait à tambouriner dans ma poitrine et mes poumons qui me brûlaient. Petit à petit, je commençais à retrouver les sensation même si, pour autant, j'avais toujours aussi mal, voir plus, étant donné que je sentais à présent mes blessures, je sentais aussi le sang qui s'en extrayait se répandre autour de moi. Je ne voyais rien et je n'arrivais pas à ouvrir mes yeux, je commençais à sentir les odeurs, d'abord celle du sang qui était forte, et ensuite celle de chats, beaucoup de chats, et pas de mon Clan. Lentement, j'entendis des voix, je retrouvais l'ouïe puis, le doux air d'une bise venant caresser ma fourrure emmêlée et collante à cause du sang, finit de me réveiller.

J'entrouvris les yeux, ma vision était encore trouble, je ne voyais que des formes indistinctes et les voix me parvenaient comme des échos.

Me redressant sur mes deux pattes avant qui tremblaient sous mon poids, je voulus juste prendre une goulée d'air doux, dans le but d'apaiser mes poumons encore brûlants, mais tout ce qui sortie de ma bouche fut du sang. J'avais d'avantage l'impression d'en vomis que d'en cracher, tant il y en avait...

Une fois que mes vomissements se furent calmés, mes pattes avant se dérobèrent sous moi, me faisant tomber dans cette nouvelle marre faite de mon propre sang. Je respirais doucement et faiblement, de temps à autre, il m'arrivait de crachoter une petite dose de liquide visqueux et au bout d'un moment, j'allais mieux et ma vision, qui n'avait cessé de s'améliorer, redevint, finalement, parfaitement nette. Je vis une assemblée de félins, je ne les connaissais pas tous mais tout ceux de ma connaissance étaient des chats du Clan de la Nuit et les autres, je les avaient déjà vus avec eux aussi, pas de doute, j'étais dans leur camp. Cherchant un certain félin du regard, je finis par voir, à quelques centimètres devant moi, Ombre Fantôme, la lieutenante du Clan de la Nuit, tout me revint en mémoire et, prise d'une énergie nouvelle, je me redressa tant bien que mal pour finalement m'asseoir.

Je forçais du mieux que je pouvais mes pattes de trembler sous mon poids. Je devais être dans un piteux état, aussi me forçais-je à faire ma toilette, de la manière la plus naturelle possible, tout en balayant la clairière du regard, lançant un regard de défi à quiconque oserait me chercher embrouille.

Doucement, d'une voix calme et posée, je miaulais en me tournant vers la guerrière blanche tacheté de gris:

"Puis-je savoir ce que je fais-ici, Ombre Fantôme?"

Je fixais la guerrière dans les yeux avec animosité, prête à ressortir la hache de guerre à tout instant. Je vis avec joie et fierté que j'avais finalement laissé une belle marque de mes griffes sur son œil droit, cicatrice qu'elle gardera toute sa vie, elle n'avait donc pas intérêt à me défier à nouveau, je n'hésiterais pas à contre-attaquer, affaiblie ou pas.

Après m'être ressaisie, quelques guerriers vinrent prendre de mes nouvelles. Certains commençaient même à me faire la toilette. Ils étaient bien gentils, mais je pouvais le faire moi-même... Toujours avec des forces manquantes, je me laissais néanmoins faire. Se faire chouchouter de temps à autre n'était pas si désagréable que ça. Nous en venions finalement à parler de ce qu'il s'était passé. Comment un combat avait pu éclater ? Où ça, dans quelles circonstances.. ? Je leurs expliquais tout en détail, n'oubliant pas la partie la plus importante : le moment où je l'avais battue. Par-ci, par-là on poussait de petits cris d'admiration. En fait, plus du côté des apprentis. Patiente les enfants, bientôt vous serez capables de faire la même chose...

On remuait à côté de moi tandis que je contais l'histoire. Tiens, elle se réveille. La chatte écaille essayait tant bien que mal de se redresser. Ce fut visiblement une mauvaise idée puisque son corps encore trop faible cracha du sang. Elle ferait mieux de rester tranquille si elle ne voulait pas y rester. Pouf. Elle venait de s’effondrer. Voilà qui l'arrangerait si elle se cognait seule, cette fois je n'y serais pour rien. Je l'observais, m'interrompant dans mon récit héroïque. La pauvre clignait des yeux dans l'espoir de revoir clairement. Je crois l'avoir assommé légèrement trop fort. Après tout, ce n'était pas mon problème, elle n'avait qu'à mieux savoir se battre. Pathétique était le seul mot qui me venait à l'esprit pour la décrire.

- Puis-je savoir ce que je fais ici, Ombre Fantôme?

Elle venait de se redresser. Plus sûrement cela étant dit. Elle me fixait d'un regard mauvais. Hey, hey, hey... Es-tu sûre de vouloir me défier ainsi au beau milieu de mon camp ? Cervelle de renard ! La moindre parcelle de la clairière était parcourue de félins féroces prêts à défendre leur lieutenante s'il le fallait. Je lui rendais alors ce même regard, celui qu'elle me lançait depuis maintenant quelques instants.

- Si j'étais toi, j'éviterais de bouger ne serait-ce qu'une griffe. Cela vaudrait mieux pour toi.

Sous-entendais-je le fait de ne pas m'attaquer. Je ne voulais pas non plus qu'elle finisse en lambeaux... Quoique, cela ferait une ennemie en moins...

- Je ne suis pas un monstre au point de te laisser ensanglantée, inconsciente au beau milieu de la forêt, à la merci de prédateurs avides de chair fraîche.

Un monstre ? Toi ? Non, non... Bien sûr que non. Tu viens juste de la fracasser mais à part ça, tout va bien... La ferme stupide conscience ! Je me retournais ensuite vers un guerrier, reniflant bruyamment rien qu'à l'idée de devoir prononcer les mots que j'allais dicter.

- Va nous chercher de l'eau s'il te plaît.

Prisonnière

de la

Nuit

Une mange-remèdes dans le camp

Ombre Fantôme était rentrée d'une sortie en traînant un poids mort. Tout d'abord j'ai envoyé Petit Poison voir de quoi il en retournait, mais très vite il m'apprit que c'était une guerrière du Clan de la Lumière qu'elle avait amenée ici. Je suis sortie voir aussi. Ombre Fantôme semblait avoir quelques douleurs après avoir tiré cette lourde charge sur le territoire. Mais quelques étirements et du repos devrait suffire à ce qu'elle aille mieux. Mais pour le cas de la guerrière adverse -d'un Clan que je n’appréciais guère, certes- , cela me semblait déjà plus sérieux. J'envoya mon petit assistant chercher des toiles d'araignée et des feuilles de prêle pour quelques cataplasmes. J'appliquais soigneusement ceux-ci avant que la guerrière ne se réveille. Puis quand celle-ci fut couvertes de toiles d'araignée et réveillée, je m'adressa à Ombre Fantôme:

"-J'espère que tu ne comptes pas la garder trop longtemps, ni lui faire mordre la poussière une deuxième fois. Je veux bien sacrifier quelques remèdes pour elle car c'est la saison des feuilles vertes, mais il ne faut pas non plus abuser. Surtout pour une guerrière du Clan de la Lumière.

Je renifla bruyamment, signa de mon agacement face à cette pimbêche de guerrière. Je ne supportais pas ce genre de guerrier. J'avais de bons liens avec leur guérisseuse, mais avec les gardes territoires, c'est une autre histoire. J'ai été guerrière, et mon père est mort lors d'une guerre les impliquant! Alors soigner une cervelle de souris venue de là-bas, c'est une preuve d'extrême gentillesse et de confiance envers la lieutenante.

J'attendais patiemment que l'on m'apporte une boule de mousse imbibée d'eau fraîche pour que je puisse me désaltérer. Une seconde ne tarda pas à arriver, je la saisissais fermement avant de la balancer sur la prisonnière. J'étais déjà bien gentille de la faire boire, fallait pas non plus abuser au point de la lui servir convenablement. Je me penchais ensuite sur ma balle pour en laper délicatement le nectar. Qu'est-ce que ça pouvait faire du bien... Mon petit moment de détente ne dura pas bien longtemps puisque, son travail terminé, Nuit des Deuils se retourna vers moi pour me faire part de sa vision des choses.

- J'espère que tu ne comptes pas la garder trop longtemps, ni lui faire mordre la poussière une deuxième fois. Je veux bien sacrifier quelques remèdes pour elle car c'est la saison des feuilles vertes, mais il ne faut pas non plus abuser.

J'agitais frénétiquement les oreilles. La garder ? Pourquoi le faire si elle ne m'étais d'aucune utilité ? Si elle ne me livrait rien de croustillant je la jetterais de son côté de la frontière sans ménagement. Inutile de garder une bouche de plus à nourrir si c'était pour ne rien en tirer. Un sourire se dessina sur mon visage en entendant la dernière partie de sa phrase. Tu as raison, faut pas abuser non plus sur ce point là.

- Tu n'étais pas obligée de la soigner. Si je l'ai mise en déroute ce n'est pas forcément pour la battre une nouvelle fois après s'être faite soigner. Je tenais juste à la rapporter ici, le temps que son énergie ne revienne.

Je quittais un instant la guérisseuse des yeux pour me focaliser entièrement sur la femelle, faiblement assise. Elle restera sans doute un petit moment parmi-nous... Mais juste le temps qu'il faudra pour lui apprendre la vraie vie de chat sauvage.

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