Dis-moi tout... Feat Nuage du Désespoir.

Dis-moi tout...

Une légère brise vint ébouriffer mon doux pelage, à son approche les branches qui m’abritaient se mirent à trembler comme si elles craignaient que le froid n'arrive trop vite après la chaleur étouffante. Dans un grognement je resserrais mes pattes contre ma tête, visiblement trop fort puisque mon épaule blessée hurla de douleur. Aie ! Saleté de mangeurs de poissons, c'était à cause d'eux que je me retrouvais dans un tel état ! Dire que nous étions juste allés chercher de l'eau et voilà que la situation avait bien vite dégénérée.

Autour de moi, tous les novices se réveillaient, certain parlaient comme s'il n’existait qu'eux en ce bas monde tandis que d'autres faisaient leur toilette silencieusement. Par pitié ! Faites-les taire ! Je n'en peux plus ! Feulais-je en mon fond intérieur lorsque l'un des guignol éclata de rire. Moi tout ce que je voulais, c'était dormir. Cependant tous semblèrent se liguer contre moi, voilà que Pensée Vertueuse passait la tête à travers notre logis.

- Nuage du Désespoir ? Tu es là ? Debout ! Ronronna-t-elle.

Crotte de lapin ! Faisant un effort prodigieux je me mis lentement sur pattes afin de rejoindre la guerrière. Pensée Vertueuse m'attendait, une souris devant elle, le sourire aux babines.

- Te voilà bien de bonne humeur ce matin. Raillais-je tout en prenant nonchalamment la souris qu'elle détenait.

J'arrachais un morceau de viande que j’avalais presque instantanément. J'étais vraiment de mauvaise humeur ce matin-là en plus d'avoir quelque chose qui me turlupinait. Après avoir gobé mon repas je me redressa.


- Pourquoi tu m'as réveillé ? On doit encore aller chercher de l'eau ?

 

Déroule:

Pfff Skype de caca, déroule.:

Déroule:

Dis-moi tout...

Pensée Vertueuse se mut subitement à ronronner lorsqu'elle m'entendit ronchonner. Ça lui plaisait temps que ça de m'embêter dès le matin ?

- Eh oui... Mais ne t'inquiètes pas, je te protégerai si un malheur arrive ! Je rigole ! Allons-y !

Une bourrique de vent souffla si fort entre les brèches de ma tanière que j'en ressenti son souffle dans mon dos. Je frissonnais. L'air s'était beaucoup rafraîchi en peu de temps... Un nuage gris vint cacher le soleil. L'ombre s’empara immédiatement de la clairière. Et le temps s'est lui aussi vite dégradé... Dire qu'il n'y avait pas si longtemps, le soleil mettait au supplice quiconque osait se promener.

- Vite avant qu'il fasse nuit !

Nuit ? Non mais elle se paît ma tête ? On n'était encore que le matin ! Je venais à peine de me réveiller que déjà elle parlait de fin de journée... De plus je me demandais comment elle pouvait être si enjoué devant un temps aussi gris que mon humeur.

- Dépêche-toi !

Elle m'hélait depuis l'entrée du camp. J'arrive, j'arrive ! Après avoir donné un coup de patte furieux dans un petit cailloux je me résolus à lui suivre d'un pas traînant. Elle se retournait sans cesse pour vérifier que je la suivais encore. Et oui, moi je n'aie pas ton entrain aujourd'hui... Si tu es autant pressée prends de l'avance ! Voilà ce que j'aurai voulu lui dire, pourtant ces mots ne sortirent pas. J'étais trop épuisé et trop de mauvaise humeur pour ça.

- Ça va ? Ça n'a pas l'air d'aller ?

Sa question en était presque risible. Ne pas aller bien ? Voyons, elle ne voit pas que je suis en superbe forme ? C'est ce que j'avais pensé ironiquement... Alors qu'elle s’asseyait près d'un grand chêne pour m'attendre, j'arrivais en compagnie de ma mine déconfite... Mes pattes passèrent de l'herbe à un tapis de feuilles jaunis par la vieillesse. Rah... La saison des feuilles mortes... Cette saison ne me plaisait gère, il faisait froid et tout paraissait tourner au ralenti... La foret sembler perdre toute force vitale...

- Qu'as-tu ?

J'étais enfin arrivé à sa hauteur, je m'assis moi aussi après avoir poussé quelques feuilles rougeâtres. A sa question j'avais tourné la tête... Je n'avais pas envie d'en parler... Pourtant il le fallait sinon rien n'irait plus. Mon regard se fixa sur mes pattes desquelles mes griffes en étaient sorties. Je pris une grande inspiration avant de me lancer.

- Tu sais... En ce moment je fais tout le temps le même rêve...

Mes mots se bloquèrent. Je n'arrivais plus à continuer. C'était si dur d'expliquer ce que je ressentais...

- Dans ce rêve je me remémore la mort de ma mère. Pourtant j'étais si petit que je ne devrais pas m'en souvenir... C'est si stupide... Après quoi je vois un chat sombre me regardant, sous des pins...

Son odeur me revint soudain en mémoire, une odeur insupportable, une odeur de traître. Je m’efforçais à continuer.

- Ce chat n'est pas de chez nous, il vient du Clan de la Nuit... Ce qui m'intrigue c'est que je le vois des fois en compagnie de ma mère...

Sans faire attention mes griffes s’enfoncèrent un peu plus à l'intérieur des feuilles mortes. Je relevais la tête, plongeant mon regard dans celui de mon mentor. Depuis toujours je cherchais une réponse sans jamais pouvoir la trouver...


- Maintenant je commence à comprendre pourquoi tous me méprisent...

 

Spoiler: